En 2025, Après avoir trouvé mes outils de prédilection pour ma création plastique (encre de Chine appliquée à la plume, aquarelle, crayons et craies de couleurs), je reviens à une envie première :
OPÉRER LA RENCONTRE ENTRE ÉCRITURE ET DESSIN / PEINTURE
Il est encore une fois question d’hybridation : au-delà de la rencontre entre la ligne et l’aplat, le noir et blanc et la couleur, comment, sur un même support, créer l’harmonie entre le texte et l’illustration ? Comment les mots, dans leurs sens et leur visuel, soutiennent-il l’image sans figer les évocations qu’elle provoque ? À l’inverse, comment l’image sublime-t-elle le texte sans l’écraser ? J’expérimente…
CONTAGIONS DE SURFACES
18*26cm – encre de Chine, aquarelle et impression numérique sur papier
LA PAGE 49
18*26cm – encre de Chine, aquarelle et impression numérique sur papier
« Que veut dire aimer quelqu’un ? Toujours le saisir dans une masse, l’extraire d’un groupe, même restreint, auquel il participe, ne serait-ce que par sa famille ou par autre chose ; et puis chercher ses propres meutes, les multiplicités qu’il enferme en lui, et qui sont peut-être d’une tout autre nature. Les joindre aux miennes, les faire pénétrer dans les miennes, et pénétrer les siennes. Célestes épousailles, multiplicités de multiplicités. Pas d’amour qui ne soit exercice de dépersonnalisation sur un corps sans organes à former ; et c’est au point le plus haut de cette dépersonnalisation que quelqu’un peut être nommé, reçoit son nom ou son prénom, acquiert la discernabilité la plus intense dans l’appréhension instantanée des multiples qui lui appartiennent et auxquels il appartient. Meute de taches de rousseur sur un visage, meute de jeunes garçons parlant dans la voix d’une femme, nichée de jeunes filles dans celle de M. de Charlus, horde de loups dans la gorge de quelqu’un, multiplicité d’anus dans l’anus, la bouche ou l’Å“il sur lequel on se penche. Chacun passe par tant de corps en chacun. Albertine est lentement extraite d’un groupe de jeunes filles, qui a son nombre, son organisation, son code, sa hiérarchie : et non seulement tout un inconscient baigne ce groupe et cette masse restreinte, mais Albertine a ses propres multiplicités que le narrateur, l’ayant isolée, découvre sur son corps et dans ses mensonges — jusqu’à ce que la fin de l’amour la rende à l’indiscernable. Ne pas croire surtout qu’il suffise de distinguer des masses et groupes extérieurs auxquels quelqu’un participe ou appartient, et des ensembles internes qu’il envelopperait en soi. La distinction n’est pas du tout celle de l’extérieur et de l’intérieur, toujours relatifs et changeants, intervertibles, mais celle des types de multiplicités qui coexistent, se pénètrent et changent de place — des machines, rouages, moteurs et éléments qui interviennent à tel moment pour former un agencement producteur d’énoncé : je t’aime (ou autre chose). » Gilles Deleuze et Félix Guattari – Mille Plateaux – Page 49
COMME UNE HÉSITATION
21*29,7 cm – encre de Chine, encres aquarelles et crayons de couleurs sur papier
Ce tableau, accompagné de son texte imprimé sur tissu, seront présentés du 3 octobre au 3 novembre 2025 dans l’exposition collective « Entrée en écritureS » – Médiathèque de Paron – Un projet mis en Å“uvre par Corinne Mazuir & Caroline Candotti-Bailly
« À nouveau me voilà coincée, ici. Dans l’espace étroit que forme l’hésitation. Je le connais bien, cet endroit comme un point au bout d’une phrase. Tache d’encre noire sur feuille de papier, si je m’accroupis elle fait chape et me fige. Ça cogne dans ma trogne et me force à l’arrêt. Les doigts tremblants et la main retenue, l’encre dégouline sur moi et m’enveloppe comme un goudron visqueux, me paralyse de ses « Tu ne dois pas ! » Le silence d’une honte à venir m’englue et m’impose, encore, les non-dits. « Cela ne se dit pas. Cela ne s’écrit pas ». Tache d’encre noire sur feuille de papier, si je me redresse elle fait trou sous mes pieds dans lequel j’ai l’envie furieuse de sauter, gamine de dessin animé, Alice dans le trou du terrier. J’y tombe légère dans un silence ouaté qui accueille les mots. Les admet. Ceux d’un amour trop fort qu’il en est maladroit, mais au pays des merveilles cela ne se voit pas. Rien n’y est trop fou qui ne puisse être dit. « Je t’aime à m’ouvrir ». Le papier tranche la peau, parfois, mais pour la gorge ça ne suffirait pas. Un coupe-papier, est-ce assez aiguisé ? Un couteau de découpe ça irait, percer le creux du cou, ce serait si rapide, fugace, que c’en est perturbant, lame enfoncée d’un geste vif le sang s’écoule, je me répands, me dissous en pigments, grenat, gouttelettes qui roulent sur le papier, rien ne peut les rattraper, absorbées par les fibres assoiffées. Est-ce que ça fait du bien ? La fusion avec le grain papetier ? L’absorption. Est-ce que ça agrandit l’espace du point ? Quelque chose me retient. La ligne d’où je viens. Lignée de suicidé.e.s, il ne faut pas recommencer. Il faut défaire la boucle, la déplier et étendre la ligne à nouveau, faire circuler. Il y a l’enfant qui me retient. Le vide dans son ventre que je ne veux pas creuser. Coincée dans l’espace étroit que forme l’hésitation, j’aimerais y arriver, à poser la pointe de ma plume et la faire glisser au-dehors, lui faire tracer une issue, une ligne de fuite qui s’enroulerait en spirales concentriques, centrifuges, ligne imparfaite, louvoyante, invitant à jouer à l’élastique, passer dessous, sauter dessus, l’enrouler aux chevilles aux poignets, et laisser l’encre noire comme le sang déposer les mots autorisés, et les silences, aussi. Les relier. Apprivoiser les lignes nocturnes et le blanc de papier. J’y pose un pied. Puis deux. Attends. Écoute. Mon cÅ“ur y bat encore. » ibrida folia

MES CHÉRI.ES
16*23cm – encre de Chine, encres aquarelles, impression numérique et crayons de couleurs sur papier
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ibridafolia[at]gmail.com
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