Pour Les Curieux Hybrides, et aussi juste pour le plaisir, je dessine des personnages au stylo noir sur papier blanc. Pour les faire ensuite rencontrer la couleur, je les colorise numériquement et les imprime sur papier calque. Seuls, il me semble qu’il leur manque quelque chose, et pourtant je les aime aussi comme ça, dénudés, imparfaits, vulnérables comme un fil. J’aime le contraste entre le noir intense de l’encre et le blanc immaculé de la feuille, et la façon dont l’encre se dépose avec précision sur le papier. Forme d’écriture, sans lettre ni mot, mais le même geste, et l’intention, aussi, de délivrer un message.




J’aime suivre l’encre sur le papier, voir se déposer les pigments. Il y a l’avant et l’après, et entre les deux, un bref temps où l’encre luit encore, elle voudrait peut-être partir, glisser ailleurs, c’est trop tard, la voilà prise. Il va falloir faire là , vivre là , la migration est terminée.



Après avoir expérimenté de nombreux sujets, je me rends à l’évidence : j’aime dessiner des visages, des personnages hybrides, des mains (voir : elle s’appelait suzanne) et des oiseaux.
“Le visage est un continent dont l’exploration est sans fin : à portée de la main et du regard, et pourtant insaisissable, toute la fragilité et la force de la condition humaine.”
David Lebreton
Le regard compte en particulier, émotion, suspension d’un instant. Les lignes et motifs multiples me rapprochent de la complexité intérieure qui me fascine.






















Je dessine pour emprisonner un peu de ma sensibilité sur du papier, pour suivre le fil de mes ambivalences, inviter à décaler le regard…
